Dossier santé

A la recherche du régime durable

Le 20 avril 2022

  • Femme déplaçant un poids sur une balance

Noyés sous les alertes alimentaires, assommés par les diktats de la minceur et menacés par les lois du perfectionnisme diététique, nous ne savons plus qui écouter. Enquêtons ensemble sur les différentes formes de régimes. Une hygiène alimentaire correcte passe par une alimentation variée, équilibrée et modérée. Aucun aliment n’est fait uniquement de protéines, de glucides (sauf le sucre), de lipides (sauf l’huile) ou de fibres. Il n’y a donc pas de « mauvais » aliment, juste de mauvaises habitudes !

Cependant, il faut trouver un équilibre entre les calories apportées par notre alimentation et celles dépensées par notre organisme pour (bien) fonctionner. Réapprendre à manger est primordial afin de ne pas succomber (trop souvent) à des aliments trop gras, trop sucrés et très carnés, bref, déséquilibrés.

Mincir ou maigrir, le dilemme

Mincir, c’est affiner sa silhouette. Maigrir, c’est perdre des kilos. « Les deux sont indissociables, explique Karin Derwael, diététicienne. Quand on perd des kilos, on mincit, cela se compte en centimètre. On peut perdre des kilos en étant malade, et avoir une silhouette qui ne sera pas jolie, donc arrêtons de jouer avec les mots ! » Avoir un surpoids, c’est avoir un excès de masse de graisse. Maigrir, c’est perdre cette graisse superflue.

 

Il n'y a pas de mauvais aliments, juste de mauvaises habitudes

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Devez-vous maigrir ?

Avant de vous lancer dans un régime, encore faut-il savoir si vous en avez vraiment besoin !
Ainsi, vous 
pouvez commencer par calculer votre Indice de Masse Corporelle ou IMC (BMI en Anglais). Cet indice utilisé mondialement connu a été établi par un Belge, Adolphe Quételet. Pour l’obtenir, il faut diviser le poids de la personne (en kilos) par la taille (en mètre) au carré. Exemple : une personne qui pèse 62 kilos et mesure 1,63 mètre a un IMC de 23 (=62 kg/1,63 m2). Cette formule ne donne pas le poids idéal, mais une fourchette de normalité de corpulence.

Regardez plutôt où vous vous situez :

  • Moins de 20 : poids trop bas
  • Entre 20 et 24,9 : poids « normal », sans danger pour la santé
  • Entre 25 et 29,9 : surpoids
  • Entre 30 et 34,9 : obésité légère
  • Entre 35 et 39,9 : obésité modérée
  • Plus de 40 : obésité morbide

 

 

  • Ensemble d'aliments regroupant les besoins nutritionnels

A qui la faute et quels régime entreprendre ?

Le problème est que nous ne naissons pas tous égaux. Les apports caloriques journaliers recommandés varient d’une personne à l’autre et dépendent du sexe, de l’âge et du niveau d’activité physique, car nos organismes fonctionnent de manières différentes. Est-ce la faute de la malbouffe ? Pas uniquement. Des industries alimentaires qui nous tentent constamment ? Pas uniquement. Des nos gènes ? En partie.

En fait, il y a toujours plusieurs causes à une prise ou un excès de poids : des troubles métaboliques, psychologiques, hormonaux, etc.

Les dérèglements hormonaux, par exemple, qui expliquent (partiellement) 5% des cas d’obésité, surviennent à des périodes de vie dense (puberté-grossesse-ménopause) ou sont liés à des dérèglements thyroïdiens. Mais dans la grande majorité des cas, le facteur principal de l’excès de poids est lié aux mauvaises habitudes alimentaires. Le fléau principal de notre siècle est la malbouffe. On n’a jamais autant parlé de régimes, mais il n’y a jamais eu autant de personnes qui mangent mal ! « Les personnes ne veulent plus cuisiner quotidiennement, constate Karin Derwael. Ils achètent des choses toutes prêtes, pleines de glucides et de lipides qui en, très petite quantité, contiennent beaucoup de calories ». Du coup, un grand nombre de méthodes se proposent de nous faire perdre du poids. 

Passons les méthodes les plus populaires pour perdre du poids à la loupe :

1. Les régimes dits protéinés ou hyperprotéinés type Dukan

Bien qu’ils datent des années soixante, ils sont toujours d’actualité. On élimine les glucides (sucres) au maximum et on augmente les protéines pour faciliter la satiété. Le cerveau ne consomme donc plus de glucose et utilise les graisses de réserve comme sources énergétiques. Un régime (hyper)protéiné présente des avantages en terme d’efficacité et de rapidité. Cependant, pour s’assurer des résultats à long terme, il faut faire attention à la reprise du poids après l’arrêt du régime. Ce régime n’est pas dénué de risques, notamment au niveau carences. Ce genre de régime devrait donc toujours être encadré par un médecin.

 

Exemple :
Le régime Dukan est la parfaite illustration du régime protéiné : oeuf-viande-poisson-laitage 0 % et dérivés du lait. Initialement instauré en plusieurs phases : on commence d’abord par des protéines pures (phase d’attaque). Ensuite, on réintègre petit à petit toutes les autres classes d’aliments (légumes, glucides, etc.) Enfin, on consolide la démarche par une journée sur la semaine constituée uniquement de protéines. « Le régime Dukan a évolué, commente Karin Derwael, car avant, il laissait les patients sans légumes pendant un important laps de temps. Les gens devenaient très faibles et manquaient de vitamines et de sels minéraux (carences). » Actuellement, les régimes hyperprotéinés en général ne doivent pas être prescrits trop longtemps, et surtout pas à des personnes qui auraient des problèmes rénaux, car le danger des protéines, c’est qu’elles font travailler les reins (d’où l’intérêt de boire beaucoup d’eau durant ce régime).

 

2. Les régimes dits hypocaloriques type WeightWatchers

Le principe des régimes hypocaloriques est assez simple : il s’agit de consommer moins de calories que nous n’en dépensons. La perte de poids est donc obtenue grâce à la réduction globale des apports énergétiques (les calories). « En premier lieu, on analyse scrupuleusement le comportement alimentaire du patient, explique Karin Derwael. Il y a un questionnaire, le côté psychologique compte autant que le reste. On établit alors un programme en respectant un équilibre entre les protéines, les lipides et les glucides. Cela se calcule sans exclure une catégorie d’aliments, en fonction de l’état médical, de la période de la vie et de la fréquence de l’activité physique de la personne. » Ce type de régime est assez bien équilibré, du moins quand il est établi main dans la main avec un diététicien ou un médecin nutritionniste.
Il s’accompagne de règles simples, mais fondamentales : ne pas grignoter entre les repas, prendre plutôt des collations, éviter les boissons sucrées et alcoolisées, etc.

 

Exemple :
Le célèbre programme WeightWatchers© est un régime hypocalorique basé sur un principe de « points » (« Pro-Points » dans sa version actuelle). Chaque aliment, dans une certaine quantité, représente x points. En fonction de son âge, de son sexe et son objectif de poids, la personne dispose d’un quota de points par jour. Il s’agit donc de les compter.

 

L’avantage de tels régimes est qu’ils permettent un véritable (ré)apprentissage de la bonne manière de cuisiner et de s’alimenter. Il n’y a pas d’aliments interdits : tout est permis, mais en quantité contrôlée. De plus, les réunions WeightWatchers, où les candidat(e)s à l’amaigrissement peuvent se retrouver et se soutenir, offrent une aide psychologique efficace et motivante. Bémol : il faut être rigoureux dans le comptage des points et ce, pendant plusieurs mois.

 

3. Des régimes encore et toujours :

Dans les régimes d’exclusion, on interdit une ou plusieurs catégories d’aliments, seuls ceux autorisés peuvent être consommés. Exemple : régimes à base de soja, d’ananas, de crudités, etc. Ce type de régime est obsolète et dangereux (le risque de carences et de fonte musculaire est élevé), car il diminue fortement les sources d’énergie dont nous avons besoin. De plus, la monotonie de l’alimentation conduit presque toujours à un abandon du régime accompagné d’une rapide reprise de poids.

Les régimes dissociés, type Montignac©, sont très complexes et codifiés puisqu’ils imposent de manger tel ou tel aliment à un repas précis et d’en exclure certains autres. C’est une vision assez négative de la nutrition qui engendre presque toujours carences et frustrations. De plus, ce type de régime est très difficile à tenir hors de la maison : chez des amis ou dans un restaurant, il est quasiment impossible à suivre… à moins de renoncer à toute vie sociale ! Déprimant…

 

Quelle place pour les substituts de repas ?

Le principe de cette méthode est de remplacer un repas quotidien par une préparation pauvre en calories. Il peut s’agir d’un substitut de repas qui rentre dans le cadre d’un régime protéiné ou d’un régime hypocalorique. Il faut donc être attentif aux étiquettes où sont indiqués les taux de glucides et de protéines. Dans les grandes surfaces, le taux de protéines est généralement identique aux substituts de repas de pharmacie ou des diététiciens, mais les glucides sont parfois plus hauts. « Les gens sont un parfois peu floués par rapport à l’offre, constate la diététicienne Karin Derwael, mais s’il y a une différence de prix, il y a généralement une raison. »

Notre conseil :
Faites-vous conseiller par votre pharmacien sur le type de substituts par rapport au type de régime que vous entreprenez.

 

 

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Hommes et femmes, égaux face à la prise de poids ?

  • Un homme mange une pizza devant le regard envieux de sa femme, qui tient une pomme

Les femmes sont sous influence hormonale et les différentes périodes de leur vie n’aident pas à la stabilisation de leur poids. Elles sont aussi plus vulnérables au stress, sources de troubles alimentaires. Elles font donc de nombreuses tentatives de régimes au cours de leur vie. Tandis que l’homme maigrira plus facilement, même si l’homme et la femme suivent le même régime. De plus, l’homme fait généralement sa première tentative à cinquante ans et son corps réagit souvent bien… Veinards !

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A savoir avant de se lancer

Quelle que soit la méthode retenue par la personne qui souhaite perdre du poids, une chose est sûre : il va devoir apprendre à manger autrement. Cet apprentissage commence par une période où il va devra abandonner certaines habitudes alimentaires, se priver et réinventer sa façon de manger. C’est le plus difficile, car il faut casser ses a priori sur le bien mangé. Vient ensuite une phase de consolidation. On apprend à doser, à savoir ce que son corps accepte, à se lâcher un jour et à compenser le lendemain. C’est une période dangereuse, car lorsqu’on maigrit, on le voit. Quand on stabilise son poids, on oublie pourquoi on le fait. « Or, la difficulté n’est pas de faire régime, mais de penser qu’on doit toujours y penser, affirme Karin Derwael. Quand vous êtes malade, vous prenez un médicament et vous guérissez. Quand vous faites régime, vous ne pouvez pas mettre l’idée dans un tiroir et y revenir plus tard. » En d’autres termes, il ne faut jamais lâcher prise et se conditionner à manger équilibré et à faire du sport… à vie. C’est le prix à payer pour retrouver une certaine silhouette.

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